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[CH1687:001]
LA BELLE NUIT DE SON ALTESSE ROYALE MADAME
Ce Salon enchanté, ceste illustre Machine,
Où le Soleil pouvoit apprendre sa leçon,
Si, pour n’estre éblouÏ d’une splendeur plus fine,
Il ne se fust caché le soir en sa Maison:

(5) Où les Peintres fameux des Triomphes d’Orange,
De Henri l’invincible, en si noble clarté
Semblerent acquerir encor plus de louänge,
Du glorieux travail, qu’ils n’avoyent merité,

Qu’en croyez vous, Beautez? fut ce la force unie
(10) Des rayons de vos yeux, qui causa tant de jour?
Et de vos Soupirans l’idolatre manie
Oseroit elle bien vous en faire la Cour?

Ne vous en flattez point, Ieunesse; au grand prodige,
De veoir luire à minuit un Midi tres-parfaict,
(15) Vous n’auez point de part: la verité m’oblige
De vous apprendre au vray, qu’un seul Astre l’a faict:

Bel Astre d’outre Mer, nouueau grand luminaire,
Qui dore nos costeaux et faict rire nos Bois,
Tout lumiere et d’esclat, pour plus d’un Hemisphere
(20) Marie, digne Enfant Fille et Niepce de Roix.

Le precieux depost de la belle Albionne,
Rose du grand Iardin des Roses et des Lis,
Où la Mere Amphitrite en ses bras environne
Trois Empires sur Mer richement etablis.

(25) L’aymable rejeton de l’heureuse Bretagne,
Qui, pour l’avoir produit eust bien acquis le droit
Du surnom de la Grande et de la Sans-compagne,
Si desjà de tout siecle elle ne le portoit.

Seigneur, benis ton peuple, acheve ton Ouurage,
(30) A quoy c’est par toy seul que nous nous attendons:
Puis que le beau Rosier est en nostre heritage,
Fay nous en veoir, de grace, éclorre des Boutons!

Ie finis malgré moy: souffrez que ie me taise,
Qui conque me lisez: Tout ce que j ’ay produit,
(35) Ne sont que des sursauts d’entre la gesne et l’aise,
Reveries en fin d’une Goutteuse nuict.
Ianuario.




[CH1687:002]
SUR LE BEAU RECIT DE MAD. DE VILLERETS
DE SA MIRACULEUSE EVASION

Confessez moy, Cousine, où se trouue l’Auteur
Qui vous a composé ceste si noble Histoire:
(Car qu’elle soit de vous, marchant de tell’ hauteur,
Ie demande pardon si j’ay peine à le croire.)
(5) Adressez moy, de grace, à cest homme excellent,
Qu’il m’ayde à bien louër vostre ouvrage admirable,
Car si je n’y mettois que mon pauvre talent,
I’avouë que jamais ie n’en serois capable.
Noctu 11. Feb.




[CH1687:003]
Was Elzabet of great renowne,
God bless our Marie with a Crowne,
By two more and one letter
Sh’ll prove an Elzabetter.
Mart.

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