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[CH1626:001]
WEERKLANCK AEN JOFF. ANNA ROEMER VISSCHER
Veel gelucks van Constantijntje
Met uw’ Mann en voesterkijntje,
    Altyd lust, en altyd Ieughd
    Altyd vred’, en altyd vreughd,
(5) Altyd min bekommeringen
Dan mij van Parnasso dringen
    En doen suchten na den tijd
    Doen ick was ghelijck ghij sijt,
Doen ick verre van ’tverdrieten
(10) Als het Carmosij van ’tschieten
    Somtijds tegen onsen Zeew,
    Ick het Schaep en hij de Leew,
Met een dichtjen hebb gekrabbelt,
En na ’t niewe Rijm gegrabbelt
    (15) Daer de Reden wat om leed,
    Dat mij nu al schoon vergeet
En blijft hangen in de kropp, en
Aen uw deur verbiet te kloppen.
    Dan soo nu als doen ter tijd
    (20) Wie het lief is, wie het spijt,
Ben en blijv ick u Slavoen
Hebb ick veel of niet te doen.
Hag. 18. Ian.



[CH1626:002]
LUDIBRIA RERUM
Heinsi, summe virûm, summâ mihi dicte Camoenâ
Nunc prima dicende; quis in ludibria rerum
Lumine non laevo satis intromissus ab illis
Doctior, aut hac parte sui locupletior exit
(5) Quâ sumus et bruto solâ praestamus et herbae?
Legem nemo sibi, vicino dicimus omnes.
Prodiga censurae plebes ferit obvia quaeque
Crimina, nullorum sibi conscia; foemina dives
Verborum ac vitiorum animal: tam parcere verbis
(10) Quam vitijs ignara, nihil sibi censet iniquae
Censeri; Mendicus habet quo nomine dites
Conveniat, nummo praesertim saepe negato,
Visaque Pauperies magis est persaepe furori
Quam menti vicina bonae: Nec rure latebis,
(15) Nec peregre; Civem nullus non carpit arator;
E patriâ totus vitium est extraneus hospes.
Dissidet omnis ubique sibi quem novimus orbem,
Primaevum redijsse Chaos juraveris, in te
Versus, et immoto pendens examine causas.
    (20) Huc operam, huc, Heinsi, nervos intendimus omnes.
En ego de summo Batavorum culmine, turri
Auriacâ, quâ nil meritum fortuna locavit,
Prospectans, humilesque casas et tecta potentum
Excutiens, nihil invidiae, nihil arbitror atri
(25) Livoris vacuum. feriunt, feriuntur utrimque;
Neu desint exempla, sonet jentacula pistor,
Protinus, O illum, exclamet mendicus ab ortu
Ad stellas plenum Cereris . . . . .




[CH1626:003]
SUR LE PIRAME DE THEOPHILE
Il n’est rien de si noir dans le creux de la Terre,
Il n’est rien de si dru au gouffre qui enserre
Les eternelles nuicts, rien de si attaché
Au centre et aux horreurs qui le tiennent caché,
(5) Que les puissants esclats de ta voix, Theophile,
Ne percent bien à jour; et n’y a dans l’exile
Des amants trespassez couple si hors de sens
Qni ne revive au son de tes roides accens.
Pirame le dira, et celle qui de vivre
(10) Soucieuse bien moins que du bien de le suivre
Le devança pourtant, et luy fraya la mort,
Qu’il receut incoupable et se donna sans tort.
Thisbe, tu ne scaurois dementir ma croyance;
Seurement tu revis, en ta resouvenance,
(15) A ta vie, à ta mort, et leurs extremitez,
Theophile apres toij les ayant recitez;
Ces plaisirs, ces soupirs, cette main homicide,
Ce Pyrame innocent, si tu n’es bien stupide,
Te retouchent de prez, et si dans ce tableau
(20) Tu ne te reconnois comme la goutte d’eau
Dans celle qui la suit, parfaictement empreinte,
Tu n’as pas merité de t’y trouver depeinte.
Mais tu t’y reconnois, et cett’ Ame de laict,
Cett’ Ame desormais toutte flame qu’elle est,
(25) Ce souffle tout à soy, cette libre estincelle
Ne s’auroit s’empecher de se mirer en elle,
De s’entendre à ses pleurs, d’aimer à les ouïr,
A reveoir l’univers pour encores mourrir,
Pour mourrir d’une mort qui tousiours effroyable
(30) Soit suivie tousiours d’un tombeau si aimable,
Et me semble d’ouïr Pyrame souhaitter
De reveoir la clarté, pour ainsi la quitter.
Non Thisbe, non Pirame; ostez vous les envies
De l’honneur de voz morts dans l’horreur de voz vies,
(35) Tant que dans Theophile on lira voz trespaz,
Vous vivrez, vous mourrez, et vous ne mourrez pas.
Februar. Hag.



[CH1626:004]
DE THEOPHILE ET BALZAC
I’avouË, et qui n’avouË point?
Que de paragonner son stile
A la force du contrepoint
De l’admirable Theophile,
(5) C’est mettre l’ombre et le sommeil
En parallele du Soleil,
C’est d’une ambition mortelle
Pretendre à la gloire des Dieux,
De mettre un pied dessus l’eschelle
(10) Qu’il a levée dans les Cieux.

Mais ravi des enchantemens
Balzac, que ta divine prose
Coule dans noz entendemens,
I’ose bien dire, et qui ne l’ose?
(15) Que Theophile ne nous plaist
Qu’en tant que nourri de son laict
Et que de ces belles pensées
Que d’un aimable nonchaloir
Tu as faict naistre detachées
(20) Sa rime a sceu s’en prevaloir.

Il faut donq dire et advouïr
Que jà devant que vous nasquistes
Nature se voulut jouer
En l’harmonie que vous feistes
(25) Sans doubte dedans le mesme enclos
D’un ventre qui vous a escloz,
Harmonie plus fraternelle
Que celle des deux grands . . . .
Qui entamerent leur querelle
(30) Dedans la prison des boyaux.

Qu’ apres en estre bien . . . . . .
Il y eut tant de ressemblance
Dans les accens des premiers criz
Que fit retentir vostre enfance,
(35) Que si Rebecque vous eust faicts,
Parmi de si pareilz effects,
Isaac privé de la veuË
S’il n’eust rendu raison du faict
En eust excusé la beveuË
(40) Quand il eust beni le cadet.

Depuis ce temps tousiours uniz
D’ame, d’humeur, de fantasie
Il se trouve dans voz escritz
Une si vive sympathie,
(45) Qu’en ce siecle des clair-voyans
Les plus entenduz vous oyans,
Vous prennent pour la mesme chose,
Et vous jugeans si peu divers
Croyent que Theophile en prose
(50) C’est à dire Balzac en vers.

Moy qui ne vis jamais les dieux
Si prodigues de leurs merveilles
. . . . . . croistre en tant de lieux
. . . . ose croire à mes oreilles.
(55) . . . . . . . . parmi les qualitez
. . . . . . . . bien grandes raritez
. . . . . . . . . . de comparables,
. . . . . . . . . . en ce rapport
Que des plumes inimitables
(60) Se puissent imiter si fort.
Hag. 20 Febr.



[CH1626:005]
L’ANATOMIE. PARADOXES EN SATYRE
Ie n’en appelle plus, Clorinde, qu’ à toy mesme
Si cette passion qui me faict dire, I’ayme,
Et cet amour me brusle, et ce feu est ma mort,
Ne tient de la manie, et du piteux effort
(5) Que la noire vapeur d’une bile bruslée
Preste aux infirmitez de la santé foulée,
Si ce n’est un Enfer que je me suis basti
Tres digne du loyer d’y avoir tant pati.
    Qu’est-ce que j’ayme en toy, qu’est ce que j ’y adore?
(10) Ce touffeau de cheveux, que ma folie dore
De mon or seulement? ces menuz excremens,
Ces superfluïtez, ces restes d’alimens,
Ces vapeurs en filetz, cette sueur gelée,
Cette lie d’humeurs, qui se fust envolée
(15) N’eust esté sa grosseur, qui s’est laissé filer?
Ce proumenoir de poux, qu’il t’en faut exiler
A force de poisons? ce sale marescage,
Ce terroir tousiours gras, ne fust le labourage
Que tes peignes y font, que pour les desseicher
(20) L’Ocean te prestast ce qu’il a de plus cher,
Que l’Isle de Venus prodigue de poussiere
Pour deguiser ton front te coiffast en meusniere
Meurtriere qu’on te dit? Clorinde, sans railler
Portes tu sur ton chef de quoy me travailler?
(25) Ne me dij pas qu’ouij; tu ne sçaurois le dire
Que tu n’aijs de la peine à t’empescher de rire;
Et moy, si ie l’ay dit emporté des fureurs
Que lancent noz espritz aux premieres ardeurs,
I’en revoque l’arrest, et t’ose bien promettre
(30) Que si dedans mon plat un poil se venoit mettre,
Fust il des plus dorez de ceux que tu nourriz,
Ie m’en esgayeroy comme de poix pourriz.
Monstre d’aveuglement, imprudence de beste!
Que cett’ herbe, ce lin me plaise sur ta teste,
(35) Qu’il me tarde aujourdhuij de le pouvoir nommer,
Capable dans demain presque de m’assommer!
    Mais ton front me desfaict, cette table d’yvoire
M’ achemine à mourrir, m’oste de la memoire
Tout ce qui est de beau pour seule s’y loger.
(40) Pardonne moy, non faict, I’ay l’esprit passager,
Et ne m’arreste pas au dehors de la chose;
I’ose me disputer comme on aime la rose;
Certes, ce qu’on ij void n’en est pas le plus beau,
Ce qui me l’encherit sort de dessoubs sa peau,
(45) Et je l’en aimeroy, fust elle toutte noire:
Mais, Clorinde, ta peau ne couvre point d’yvoire
Et qui la perceroit te souïlleroit de sang.
Qu’on ne me die pas de ce rouge et ce blanc
Que des roses en laict ne seroyent pas si belles;
(50) Les roses et le laict me plaisent comme telles,
Mais ce seroit du sang qui te feroit rougir,
Et ce sang me feroit trop songer à mourir;
Ie suis si pacifique et si peu sanguinaire
Que je voudroy desià m’en trouver à me taire;
(55) Bourgongne, tes drapeaux m’en devoyent bien sommer
Que ce rouge et ce blanc sont tristes à nommer.
    Me veux tu alleguer un esclat de lumiere,
Deux Soleilz, deux esclairs qu’enferme ta paupiere?
De grace, pren pitié de mes infirmitez
(60) Ie ne me cognoy plus à ces divinitez:
Les traicts qu’on dit qu’Amour forge dans ces boutiques
Fuijent le sens commun, et les seulz Platoniques,
Que je ne creu jamais, en croyent les eslans;
L’inuisibilité chatouïlle les flamens
(65) Comme ce qui n’est point; Aristote plus sage
M’enseigne de mes yeulx l’indisputable usage;
Et puis que m’ajustant tout vis à vis des tiens
Ie n’y rencontre rien que l’image des miens,
Ce paradoxe vault la peine de l’entendre
(70) Si les miroirs sont beaux qu’en ce qu’ilz peuvent rendre?
A ce conte, Clorinde, en regardant mes yeulx
Ta gloire les illustre, et ilz en valent mieux
Trente fois que les tiens; car si je les regarde
N’y trouvant rien que moy je n’y voy rien qui darde.
(75) Les perles que j’ay dit les avoir veu verser,
Si perles tu les crois, va les faire percer:
Et si pour establir la valeur de tes charmes
Tu te fais le present d’un beau carquant de larmes
Ie ne tenvie point la rente de tes eaux,
(80) Les terres d’Orient m’en donnent d’assez beaux.
Veux tu faire credit aux rubiz de ta bouche?
En amy, garde bien que personne n’y touche;
I’y ay par trop touché pour t’aider à tromper
Des marchans d’un Corail si aisé à coupper.
(85) Que s’il n’est question que de similitudes,
Ie le veux bien, mais certe ayons en de moins rudes.
Passe dans ton jardin, tu m’y verras toucher
Des rubiz et plus beaux, et plus doux que ta chair,
Ces cerises le sont, ces fraises, ces groiselles,
(90) Ces mores des Meuriers, ces rapporteurs fideles
Du malheur de Pirame ont de quoy devaller
Le lustre des ioyaux que tu veux estaller.
Si l’envie me prend d’en baiser une fresche,
De la baiser si fort qu’ij faisant de la bresche
(95) Ie la creve et la tue, ha! qu’à l’heure ce sang
De Pirame me verse un agreable estang,
Que ma langue s’y plaist, s’y esgaye et s’y lave!
Crois tu pas que Tisbé s’enflamme de ma bave,
Et ne souffre plus rien de violent la bas
(100) Que de me veoir ainsi et ne me baiser pas?
    Au moins appren comment je me passe sans peine
Du fruict de tes baisers. Ces fruicts n’ont point d’haleine,
Et tu en as tousiours, et tu en as par fois,
Et tu en as souvent telle que si ta voix
(105) N’asseuroit mon oreille à tes mots coustumiere
Ie te soupáonneroy d’un malheur de derriere.
Un rheume de poulmons, un catarrhe salé
Sur une de tes dents froidemant devallé
Peut mettre l’une en poudre, et l’autre en pourriture:
(110) Et si ton estomach chargé de nourriture
Decharge ses vapeurs, et que tu sois Venus,
Pourroy ie dire moins que, Cyprine, tu pus?
Ie le diroy, Clorinde; et à raison plus forte,
Me deusses tu fermer ta parole et ta porte,
(115) Ie te supplieroy, qu’en retenant ce vent
Tu voulusses ouvrir ta bouche moins souvent.
Ces fruicts de ton jardin ne portent point de crasse,
S’ilz en portent, tu sçais que c’est la bonne grace
Que leur laisse la nuict, et que ce beau vernix
(120) Empesche le soleil de les rendre terniz,
Et n’estoit que l’Aurore en fust si amoureuse
Qu’elle ne seroit pas tousiours si matineuse.
Mais si le malheur veut qu’à l’heure du lever
Ie t’oste le loisir de te pouvoir laver,
(125) Que je t’attrappe à jeun, que peigne, que peinture,
Que poudre n’ayt encor controllé la Nature,
Pardonne à ma rondeur de bouche, si je dij,
Ce visage n’est point le mesme d’à Midij;
Tu n’es qu’une Clorinde, et la metamorphose
(130) T’en faict devenir deux; tu l’es de nuict en prose,
De jour tu l’es en vers. Donnez vous garde Amans,
Il se trouve de deux sortes de Diamans;
Les parfaicts sont parfaicts au jour de la chandelle
Comme au Soleil du jour; la femme qui est telle,
(135) Telle le jour, le soir, la nuict, et le matin
Merite bien le nom d’un Ange feminin:
Tu ne l’es pas, mon Ange; et je ne doibs te plaindre;
Personne n’en a veu qui ne les a sceu peindre;
L’imagination en faict trouver aux foulx,
(140) Et, à n’en mentir pas, cela sommes nous tous.
Ie n’en demande point de prenue plus notoire
Que ta gorge et ton sein, et ces pommes d’Ivoire
Qu’on nous faict adorer, comme nous apprenons
Que des peuples iadis adoroyent les oignons.
(145) Une bosse de chair, une apostume enflée
A recevoir le sang d’une despucelée,
Une vessie, un scirrhe, une ampoulle de laict,
Un goitre nous enflame, et le sein nous deplaist
Qui n’en porte la pair esgalement bouffie;
(150) L’amour en faict la mouË à la philosophie,
Qui ne souffrit iamais à la fois tant d’affronts
Qu’à nous veoir prosternez devant ces demi-ronds.
Honteuse lascheté, infame vitupere,
Que la terre et les eaux, l’un et l’autre hemisphere
(155) Ploye soubz l’animal qui pour un doigt de laict
Perde le souvenir de l’empire où il est!
    Ainsi ta belle main, Clorinde, qui se baise,
Qui se patouïlle tant, quoy que fort à ton aise
Tu viennes d’employer ces petits doigts pointuz
(160) A des necessitez devenues vertuz
Depuis le grand forfaict que la premiere femme
Nous a communiqué, faut il que je me pasme,
Que je faille à mourir, que ie creve d’esmoy,
La voyant familiere à d’autres plus qu’à moy?
(165) Ie ne le sçauroy plus; mes passions sont mortes
Pour choses de si peu: s’il m’en reste de fortes,
Ie me les garde exprès pour en cherir des mains
Qui ne mourront jamais qu’avecque les humains.
Les belles mains de fer des grands freres d’ Orange,
(170) Qui firent à Neptun jadis trouver estrange
Comme ses flots sanglants au retour de Nieuport
Trouverent de la peine à revenir du bord,
Tant que reconnoissant le furieux carnage
Qui les embarassoit le long de ce rivage,
(175) La crainte l’ envoya reculer si avant
Qu’il en incommoda les peuples du Levant,
Ces redoutables mains, ces fleaux de la vengeance
De l’Ange destructeur, depuis que sa clemence
Ne trouve plus de quoy sa Iustice barrer,
(180) Ce sont les seules mains que je puis adorer.
Et veux tu qu’au retour de ce meilleur homage
Il m’en reste pour toy, que j’aye le courage
De faire sacrifice à de si baz autelz
Venant d’en immoler à ceux des immortelz?
(185) Certes, si pour des mains il me demeure en l’ame
Du respect serieux, j ’eviteray le blasme
D’avoir mal employé mes admirations,
Ie choisiray par tout la fleur des nations,
I’honoreray ces mains, ces belles interpretes,
(190) Ces langues en papier, ces causeuses muËttes,
Ces mains qui au travers des siecles et leurs nuicts
Ont sceu communiquer le Pere au petit filz,
Ont immortalizé les pensées des hommes,
Faict conserve des jours, et au siecle où nons sommes
(195) Laissé par testament les aages de jadis,
Ces fideles tesmoins des eternelz edicts,
Ces immortelles mains, ces notaires des Anges
Me demandent, Clorinde, un tribut de louänges
Si ample, si profus, qu’en revenant sur toy
(200) Ma flatterie dit n’y trouver plus de quoy.
    Mais dij que la blancheur me rend ta main aimable;
Ce rivage dira qu’elle cede à leur sable,
L’Albastre s’en rira! la croy, le potiron,
A costé de la neige elle devient charbon.
(205) La faut il donq cherir pour la veoir si petite?
C’est faire tort aux nains: pour la veoir soupple ou viste?
Il n’ est petit larron ni poure basteleur
Qui ne s’en formalise. Hausses tu sa valeur
A raison de la chair qui en est potelée?
(210) Ta fesse l’est bien plus, et cette bien-enflée,
Ce coussin, ce balon s’offense justement
De veoir empieter dessus son element.
Tes ongles et les miens sont ilz pas d’une estoffe?
Et si les miens sont grands m’en juges tu plus goffe?
(215) Mais, dit on, grande main marque grand jugement.
Il paroist bien, Clorinde, à cela seulement
Que par où les niaiz t’estiment adorable
Ie ne te trouve pas seulement tolerable;
Et bien verra quelqu’un de la posterité
(220) Qu’il m’a falu des yeux pour tant de verité.
    Mais helas, que ces yeux te feroyent bien un conte
Plus digne mille fois, si ta juppe et ta honte
N’en couvroyent le subject; mais la civilité
Te soulage en cela d’un traict d’habilité.
(225) Nature tu le sçais que, sans la violence
De ton ardeur mijstique, et cette impatience
De nous perpetuer, qui nous pousse ignorans
A la necessité de devenir parens,
Il n’y a ni raison, ni force, ni priere
(230) Qui portast noz desirs par dessus la jartiere,
Pour ij aller trouver ton signalé defaut
De n’avoir achevé le masle comme il faut.
Va te cacher, Clorinde, en regardant ta cotte
Le dehors du logis me faict songer à l’hoste,
(235) Et cet hoste, Bons Dieux! Va viste te cacher
Ie me sens defaillir à force de cracher.
    Il te reste une cuisse, un genouïl, une greve,
Un gras de jambe, un pied; mais tu es fille d’Eve,
Et je suis fils d’Adam, et tes oz et ta chair
(240) Ne sont que ce que Dieu m’a voulu arracher:
Et veux tu qu’avec toy pestri de mesme plastre
I’adore ma copie, et devienne idolatre
De partie de moy? L’Auteur de touttes choses
N’en disposa iamais comme tu en disposes:
(245) Accompagnons, dit Il, cet homme, et l’endormit;
Et la femme fut faicte, et cet homme la vit,
La receut et l’aima: mais que d’un feu de rage
Il se soit emporté à luy faire l’homage,
Les sermens, les devoirs, les services, les voeux
(250) Qu’on demande aujourdhuij à ses poures nepueux,
Il ne s’en parle point dans tous les saincts Volumes.
Si ne faut il doubter que ces divines plumes,
Veritables par tout eussent faict mention
Plus tost de son amour que de sa passion.
    (255) R’avisons nous, Clorinde, et nous aimons de sorte
Qu’on dit qu’Adam vit, et qu’Eve n’est pas morte;
Toute raison le veut que le monde enviellij
Fasse noz iugemens viellir avecque luij;
Et quoy que l’on dispute, il nous faut estre sages
(260) D’une proportion tres-double aux premiers aâges,
Car, à considerer tant de millaines d’ans,
Nous ne sçaurions plus vivre au siecle des enfans.
* * * * * *
Hag. ult°. (31) Martij



[CH1626:006]
LE REVERS DE LA COUR
Un espion sorti d’Anvers
Pour y porter de noz nouvelles,
A changé trente habits divers
Pour y en apporter de telles.
    (5) Que les Estats ont trop d’argent
Pour n’avoir que si peu de debtes;
Que leur Armée se ressent
Du revenu de leurs conquestes;
Qu’ilz sont plus maistres de la Mer
(10) Qu’ilz ne l’estoient du temps d’Hemskercke;
Que rien ne leur est moins amer
Que la sortie de Dunkercke;
Que l’estat des Admirautez
Ne fut iamais en si bel ordre,
(15) Que la Iustice et l’equité
N’y sçauroient moins trouver à mordre;
Que la conqueste du Ponent
Ne touche en rien à la Bahie;
Que l’Amerique en un moment
(20) Se verra voulue et ravie;
Que Puertoricco est delaissé
Comme de prinse trop facile,
Le chasteau estant bien aisé
A qui eust sceu prendre la ville;
(25) Que le Prince n’a rien trouvé
Dedans les coffres de son frere,
Que iamais il n’a esprouvé
De changer une fille en Mere;
Qu’il est tenu pour impuissant,
(30) Que sa Princesse en faict la plaincte,
Qu’elle ne le veoid qu’en passant,
Qu’il ne l’aime que par contraincte,
Luy voyant le front si ridé
Qu’elle y noye le fard à l’once,
(35) Ce que pour le reveoir vuidé
Il faudroit de la pierre ponce.
Qu’il est le plus laid Hollandois
Qu’on aijt veu naistre en la Prouince;
Qu’en iugement, en taille, en voix
(40) Il ne possede rien du Prince;
Que l’Espagne luy faict pitié
D’avoir tant mis à cette guerre;
Qu’il desire son amitié
Sur touttes choses de la terre.
(45) Que le Roy des Bohemiens
Se meurt du plaisir d’estre maistre,
De joye d’estre loin des siens,
De crainte de s’y veoir remettre.
Que la Reine n’a point d’enfans,
(50) Qu’elle a perdu coeur et courage,
Qu’elle apprehende que les ans
Ne luy reparent son naufrage.
Que les joyaux de Buckingham
Font des finances nompareilles,
(55) Que les marchands à Amsteldam
S’en resiouïssent à merveilles.
Que le Prince de Portugal
Va se restablir par les armes;
Que son Cadet monte à cheval
(60) Pour en annoncer les alarmes;
Que son Aisné comme heritier
Y est porté de pleine rage,
Que ne cessant de renier
Le sang luy en monte au visage.
(65) Que le mirouËr d’impieté
C’est la Duchesse soeur D’Orange,
Que sa fille de cet Esté
Fera mourir un Conte estrange.
Que la Comtesse est trop putain
(70) Pour estre vielle et en vefuage,
Mais que le iour d’apres demain
Elle retourne au mariage;
Que le grand Comte son beau filz
Ne sçauroit dementir sa race,
(75) Qu’outre l’esgalité d’espritz
Sa soeur et luy n’ont qu’une face.
Qu’il n’y a rien de si dispos
Que la Chelandre nostre Mere,
Qu’elle se lasse du repos,
(80) Qu’elle se repose en carriere.
Que Schelle dance nuict et jour,
Que Zevenaer est hors de grace;
Que Duvennoorde est hors d’amour;
Que Rosselle a forfaict sa face;
(85) Que La Verrie n’a point d’yeulx,
Qu’il n’y a païsane au monde
De qui le sein ne vaille mieux;
Que la Masure est toutte blonde.
Que le Rhin-Grave seroit beau
(90) S’il n’avoit la barbe tortue;
Que le beau Comte de Nassau
A l’esprit court comme la veuË;
Que le iadis petit Hanau
N’abhorre rien que l’exercice;
(95) Que Stierum sue sang et eau
De peur qu’on defende le vice.
Que l’Admiral fuit dessus tout
La Mer, l’Amour et sa Maistresse;
Que Beverweert n’a point de goust
(100) Qu’a faire espargne de richesse.
Que Morgan souhaitte la paix;
Que Schmelzing va en capriole;
Que Brogg ne s’escrima iamais
Si bien en effect qu’en parole;
(105) Que Wits a perdu la faveur;
Que Ghent ne l’a pas meritée;
Que Dorp trahij par une soeur
Voit sa fortune ruïnée.
Que Logé plaint l’accroissement
(110) De la famille de son maistre; .
Que des Champs est tousiours absent;
Que Merlot ne le voudroit estre;
Que Iunius pleure d’avoir
Perdu la fraise et les affaires;
(115) Que Huygens est fasché de veoir
Le grand travail des Secretaires.
Que Cloet rebrigue le drappeau
Desgousté de la Lieutenance;
Que De Bie va sauter dans l’eau
(120) Pour mourir plus tost qu’on l’avance;
Qu’ Andelo meurt de mesme peur;
Que Mansart n’aime dez ni Dames;
Que Calvart se rend vainqueur
De l’importunité des flames;
(125) Que Liere jouË son vaillant;
Que Du Teil n’ose plus despendre;
Que pour estre sage et galant
Aspren n’a plus besoin d’apprendre.
Que Pontaubré est emmaigri
(130) Depuis qu’il a quitté la France;
Que le voyant si mal nourri
Champdor a mieux doublé sa pance.
Que Nicastre ne peut monter
Tous les chevaux de sa Princesse;
(135) Que Launé ne sçauroit comter
Tous ceux que nourrit sa Maistresse.
Que la chere de Loon chez luy
Vaut bien celle de chez son Prince;
Que Dimmer est si enviellij
(140) Qu’il ne rid plus qu’on ne le pince;
Que Montens manque de discours;
Que Verdoes souffre qu’on le blasme;
Que Knuijt est Tresorier tousiours;
Que Borre ne veut plus de femme;
(145) Que Wijnants pere d’un beau filz
Prie Brouart à son Baptesme;
Que Van Ghilsen n’a point d’amiz;
Que De Gheijnmesprise soy mesme.
Que la Foy et le repentir
(150) De l’Evangile est une fable;
Que l’Escriture peut mentir
Si tout cecij n’est veritable.
Hag. Aprili.



[CH1626:007]
AEN BROSTERHUYSEN MET EEN BOECK
Alleen de kermis
Die mijn bescherm is
Myn troost en baet
Myn toeverlaet,
(5) Moet mij ontschulden,
En u doen dulden
Dat dit soo laet
Na Leiden gaet.
Want, Brosterhuysen,
(10) Bij all de Muysen,
Hier is een’ tier
Daer van wij schier
Tverstand ontbeeren;
Dat ken ick geeren,
(15) Sal ijemand sweeren,
En mij niet deeren
In goed noch eeren,
Want schier en heel
Verschelen veel,
(20) En tot verliesen
Hoort meer als biesen,
Die dat wel kan
Heeft eerst waer van,
Die niet en heyt
(25) Zoo ’tspreeckwoord seydt
En kan niet missen,
Niet meer als pissen
Die noyt en dronck.
    Vergeeft den spronck
(30) Van dese Rijmen,
Raeckt’ ick aen ’tlijmen
De langste dagh
Die ’t wesen magh
Viel my te klein:
(35) Plein, rein, certein
In weinigh woorden
En sonder koorden
Lutsen of boorden,
Ick send u hier
(40) Marinos Lier.
Hag. 13. May.



[CH1626:008]
    Inscrip.
Seker Missive
Letter of Brieve
Geschreven met int
Alsoose begint.

    Opschrift.
Aen Brosterhuysen,
Het kindt der Muysen,
Op de vischmerckt valiant
Aenden waterkant.
    Een van beiden
    Lugduni of te Leiden.



[CH1626:009]
POUR L’ENFANTEMENT DE MADAME LA PRINCESSE
Bouton de fleur d’orenge, ente du grand rameau
Apres qui le soleil n’esclaire rien de beau,
Rose de grand matin, soleil dedans la nue,
Perle dedans l’escaille, estoile descendue
(5) Sur la terre hors des Cieux, où de necessité
Il s’en doibt trouver une à dire cet Esté,
Acheve de venir, sois contente de luire,
De guerir l’uniuers, qui va de mal en pire
Surchargé d’avortons; semence de Iupin
(10) Ne te refuse plus à reculer la fin
Du monde trespassant; petit modelle d’homme
Rends la perfection au siecle qui t’en somme,
Sois tu du sexe entier, sois tu du moins parfaict,
Tes auteurs ne sçauroyent rien former d’imparfaict.
(15) Mais vien viste mon Coeur, et pour nous faire vivre
Cesse de nous tuer; il nous tarde de suivre
Tes petits pas foibletz, et de baiser ces mains
Faictes pour assommer les plus fiers des humains.
Ha! mains heureuses mains, qu’il vous reste d’ouvrage
(20) A recevoir par jour mille devoirs d’homage,
Mille devotions, que les coeurs Hollandoiz
Ne lairront point ceder à ce qu’on paye aux Roix.
Vien donq quel que tu sois, ou belle prisonniere
Ou gentil prisonnier, rien ne te tienne arriere,
(25) Vien prendre en liberté le monde pour maison,
Mais garde bien sur tout de rompre ta prison.
Hag. 21. May.



[CH1626:010]
27. MEI 1626. GEBOORTEDAGH VAN PRINS WILLEM VAN ORANGE
Oragnen heeft een kind; Wat draeght het, Broeck off Rock?
Dat’s nu te laet gevraeght, men hoort het aen de klock.
Maer waer ’t geen Soon geweest, wat hadden wij gedaen?
Hadd niet het klock-gerucht all even wel gegaen?
(5) Jae, buyten twijffeling, men hadde’r oock geluydt,
En klock op klock geroert, maer met de’ klepel uyt.



[CH1626:011]
CASPARI BARLAEO, DOCTORI MEDICO, VATI ET AMICO SUMMO,
UT LEVARE MORBUM PERGAT ITERATO CARMINE

Umbra mei, vix ullus eram; vestigia magni
Nominis urgebat pes tertius, omnis ab omni
Cesserat impexum fugiens per tempora crinem
Ore rubor: stabant oculi, poterantque videri
(5) Sidera de fixis, emortua sidera coelo
Pallenti. stabant, nec si pagina (cuius?
Da summos, Barlaee, Viros, da quemlibet, uno
Te reliquo:) nec si contra monumenta stetissent
Cum saeclis victura, loco cessura putasses.
(10) Spiritus (hunc movi solum) spirabat, ut olim
Vidimus aestivis quiddam sudare cavernis;
Halitus hic dici possit, si possit; Ab illo
Aëre quis vocis fragor? heu! quem regna silentûm
Nocturnique Dei, votaeque soporibus umbrae
(15) Sustineant, non, Luna, tuos obtundat amores.
Verbo, talis eram, qualem Barlaee vel hostem
Obvius aut gemitu aut lachrimâ digneris obortâ.
Cum subito de te praegnantem Carmine chartam
Intuito et multo solantes omine ceras,
(20) Praebentique avidam blandis affatibus aurem
Hei mihi quam vires traxerunt ossa novellas,
Quam caepi meus esse, iterumque, iterumque renasci,
Et morbo procul esse meo, componere gressum,
Porrectumque efferre caput! stupuistis amici;
(25) Atque aliquis, nata est, inquit, haec vate Galeno
Pagina, et inclusit, quo nunc quoque digna fovetur
Extorquenda sinu. Mihi sensim hygieia vigorque
Pristinus obrepunt. pergin praevertere, pergin
Festinae laudem solus meruisse medelae?
(30) Esto quod es, Barlaee, mihi, confunde Poetam
Et medicum, duplicemque Deum tam saepe propina,
Ut recreer, sanerque simul; salvere priori
Carmine praecipiti iussus medicamine, credam
Perpetuum cogi nullus languere secundo.
Ante recidivam. 15°. Iun.



[CH1626:012]
PANEGIJRE
Ne me croy point, posterité,
En ce que ma temerité
Va presumer sur la louange
Du brave Souverain d’Orange.
(5) Preste ta foy aux estrangers
Qui volontaires, passagers,
Sans interest, sans recompence,
Au seul esclat de sa vaillance,
Ou Capitaines, ou Seigneurs
(10) Ont refusé la gloire ailleurs
De la conduicte d’un armée,
Pour apprendre où la renommée
Avoit tant trouvé de subject
De tant d’honneur qu’elle luy faict.
(15) Ilz te diront que sa presence
A condamné la grand’ croyance
Qu’ils en avoyent conceu’ de loin,
Et que luy mesme son tesmoin
A faict veoir qu’à tant de merveille
(20) Il faut de la foy nonpareille,
Et que ce qui ne monte aux Cieux
Ne sçauroit approcher des Dieux.
Ilz te diront que la nature
Ne pouvant rien souffrir qui dure
(25) S’estonne de nous veoir encor
Continuer au siecle d’or
Que nous laissa le grand Maurice,
Que les ordres de sa milice
Que sa prudence et sa valeur
(30) Et sa conduicte du bon heur
Ont seulement changé de maistre,
Et que le voyons tant renaistre
Au frere qui nous est rendu
Qu’à peine l’avons nous perdu.
(35) L’Espagne par tout souveraine,
Par tout en coustume ou en peine
De tout vaincre ou tout mespriser,
N’attendoit qu’à nous maistriser;
Et jà sembloit que la gourmande
(40) Ne demandoit les eaux d’Hollande,
Soule de tant manger de gens
Que pour s’en nettoyer les dens.



[CH1626:013]
CUNAE AURIACAE. SUB NATALEM PRINCIPIS GULIELMI
Dii Batavum, Dii Belgarum, Dii quotquot ubique
Vivitis, et littus non laevo lumine nostrum
Aspicitis, praestate Deos, et singula quique
Numina in has pleno profundite sidere Cunas.
(5) Spes jacet hic Batavûm, et quiddam quod praestat Iülo
Dardanidae: fuerit certe magnae arboris ille
Truncus, hic, hic majoris erit in saecula ramus.
Perpetuam libertatem, jus Vindice ferro
Tutandum, infandique odium immortale Tiiranni
(10) Hoc legimus vultu; quem quondam sole propinquo
Ferre negabit adustus Iber; plus fulminis illo
Projicitur, quam cum medio sublimior axe
Torres, Phoebe, diem, et summo discrimine findis.
En caput, en ferro factos per tempora cinnos,
(15) En frontem aeternae subituram frondis honorem,
En cristis galeâque, et sanguine subter Ibero
Velandam, si sola datis tria lustra Sorores,
En patrium nasi decus, en sub fronte virili
Maternos oculos, et jam nunc saeva minantes
(20) Hostibus et promittentes non saeva puellis.
Ecce, cui roseo cedatis fraga labellum,
Os patrium, os maternum, os oscula figere natum,
Imperio natum magis, et magis arma ciere,
Arma, viros, aciemque et ferro impingere ferrum;
(25) Os natum, populo in magno si forte coorta est
Seditio, mulcere animos, et ponere fluctus.
En humeros ferre arma pares, en brachia grandes
Admissura toros, et longas Principis olim
Porrectura manus, quas non nisi crimen et hostis
(30) Horreat, in justos aequas aeque atque benignas.
Caetera quid memorem? bene sic, natura, probeque
Curasti; fecisse marem laus omnis et una est.
Mox faciat mas iste mares, quos mascula longum
Ditet et aeterno connectat germine proles.
    (35) Dii Batavûm, Dii Belgarum, Dii quotquot ubique
    Vivitis, ardenti faciles concurrite Voto.
17°. Iunij. Febre correptus.



[CH1626:014]
* * * * *
Hastez vous de mourir, mortelz,
Il n’y a place dans le monde
Que je n’y aye mes autelz,
Tant ma Megere me seconde.
(15) Vivent les occupations
Qui desarment les passions,
Toute froideur et toute flame
Charge l’esprit d’aveuglement,
Mais celle qui m’esgaye l’ame
(20) C’est la cholere seulement.
Cupidon.
* * * * *
La honte du chef des guerriers
Me vault la mort de vingt Bellones.
* * * * *




[CH1626:015]
A MONSEIGNEUR LE PRINCE D’ORANGE
Ie ne plain point le mal qui faict bouïllir mes veines,
Ie ne regrette point la longueur de mes peines;
Ma douleur tolerable a de quoy m’appaiser,
Et la fiebure qui bat ne faict que me baiser.
(5) Ie puis me consoler d’un million d’exemples,
Et si les malheureux couchez devant les temples
Ne m’en donnent assez; je voy ces maux courans
N’espargner aujourdhuy les petits ni les grands.
Mais un’ autre langueur, une melancholie
(10) Suffoque mes esprits; ha! mon Prince, une envie
De me rendre à tes pieds; de te prester les doigtz
Qu’il t’a pleu relever par l’honneur de ton choix.
Mais ces doigtz sont si morts, tant d’esprits, tant de force
S’en est veu retirer, qu’il semble que l’escorce
(15) M’en reste seulement; la peau dessus les oz,
A peine chasque nerf ij trouvant son encloz.
Puis le jaret me faut, et le genouïl me plie,
Ie me porte à trois pieds; il n’y a sang ni vie
Dedans mon pasle front, mon visage enfoncé
(20) Ressemble à un pourtraict à moitié effacé.
Quelle pitié, mon Prince! et quand reviendra l’heure
Que je revienne à moy; que mon ame ne meure
De l’apprehension qui ores la deffaict,
Que tu prennes mon mal pour un mal contrefaict?
(25) Pour une lascheté, une paresse vile
Qui me fasse fuïr le tracas de la ville
Pour me desobliger de celuy de ta Cour?
Mais ne puissay-je plus esperer le beau jour
De ton oeil gracieux, puissay-ie de ma couche
(30) Ne bouger à jamais, puissay-ie cette bouche
Cette main, ces deux pieds ne veoir plus employez
Ou ton commandement les a tant envoyez,
Si je me dissimule, ou si je donne une heure
A mes commoditez. I’ay veu que la demeure
(35) D’hermite me plaisoit, que lez boiz et les champs
Me sembloient tousiours mieux resonner à mes chants,
Que je me desroboy au beau lieu où nous sommes,
Que j’aymoy mieux le bruict des fueilles que des hommes,
Que j’abhorroy le monde, et craignoy de broncher
(40) Contre qui d’amitié me voulust approcher.
Quand cette humeur d’aucuns fut dite phrenetique,
D’autres, plus à propos, un peu trop poËtique,
Mais, Prince, c’en est faict; je me suis apperceu
Qu’il faut s’avoir au monde, et souffrir d’estre sceu,
(45) Faire l’homme par tout, l’animal sociable,
L’accostable, l’Adam, que la voix adorable
Du grand Dieu qui le fit defendit d’estre à soy;
C’est de quoy j’ay tiré la suitte dessus moy;
Et depuis la faveur que tu m’as octroyée
(50) De vivre Courtisan, mon humeur desployée
Se donne à l’Univers, je souffre d’estre mis
En tant de portions que je gaigne d’amiz;
Mon ame est à chascun, et si j’ay la puissance
I’en leve l’oppressé, j’en sauve l’innocence.
(55) Mais c’est apres la part que seule je t’en doibs;
Prince, c’est tout ce coeur, cette main, cette voix.
    Sus voix et main et coeur hastons nous de revivre.
Mais j’attens seulement que ta main me delivre,
Seul Dieu de mon salut, mon uniqne recours;
(60) Escarte ce nuage, et r’esclaire mes jours.
Je n’ay eu dans le coeur mouvement ni pensée
Qui ta justice n’ait justement offencée;
Mais viens tu demander la rigueur de tes droitz
Au moins digne vassal de l’ombre de ta Croix?
(65) Ie l’assigne, Seigneur, sur Celuy que tu aymes,
Sur ton Type engravé, ta Parole, toy mesmes,
Et ne portant ailleurs ni coeur ni oraison
Ie t’en ose sommer de pleine guerison.
Febre correptus. 19°. Iun. Hag.



[CH1626:016]
KOORTSIGE BEDDE-BEDE
    Wilt dan deerniss met my hebben,
En de qualen eens doen ebben
Die my perssen vloed op vloed,
Valt mij niet te lastich banghe,
(5) Heer, en worstelt niet te lange
Tegen dit onmachtigh bloed.

    Machteloos en schuldigh kenn’ ick ’t,
Maer voor dijn gesicht bekenn ick ’t,
Daer genade staet bij Recht,
(10) Laet mijn’ sonden dusend wesen
Boven dusenden geresen,
Emmers blijv ick noch dijn knecht.

    Emmers een van dijne schapen,
Die ghij met de trouwe wapen
(15) Van dijn’ Engelen besett,
En veel ijsigher gevaren
Schadeloos doen wedervaren
En ten halven hebt belett.

    Doe ick langs de klippe-trappen
(20) Op vier voeten moste trappen
Daer den afgrond nevens lagh,
Daer mijn’ herssenen af klagen
Dat sij noch een’ draey af dragen
Als ’t mij somwijl heugen magh:

    (25) Doe ick door den mist gedreven
Tij en haven mis gedreven
Endelick ten sande stack,
Daer mij niet te kiesen stonde
Verre van bekenden gronde,
(30) Dan een bootgen als een wrack:

    Doe ick tuschen karr en paerde
Met het opperst naer der aerde
Viel, en hong, en niet en viel,
Met de handen inden teugel,
(35) Met de beenen door den beugel
Ter genade van een wiel,

    All om hebt ghij mij gedragen,
En gedreight met schaduw-slagen,
En geschort ter halver vall.
(40) En is ’t nu een flauwe toortse
Van een ongesiene koortse
Die mij ’t onder houden sal?

    Waer is ’t vijer, waer zijn de kolen,
Onder welcke darmen-holen
(45) Staet den rooster die mij braeyt?
Die haer’ wonden leeren kennen,
Leeren aen ’tgesicht gewennen,
Half genesen, half gepaeyt.

    Waer af komt de vloed en ebbe
(50) Die ick in mijn’ leden hebbe?
Waerom gaet het uerwerck vast
Dat soo veel kost van ontstellen,
Doender ons soo veel mis-tellen
Daer de meester staegh op past?

    (55) Maer het zijn dijn’ diepe gronden
Die wij noyt en ondervonden,
’Tzijn dijn’ Wonderen, o God,
Daer ghij ghierighe bevragers,
Sterren-boorers, hemel-plagers
(60) Met begrijpende bespott.

    Nu en houd’ ick ’t nedrigh ooghe
Niet all uyt in ’t zeil soo hooghe;
Maer ô Kenner van mijn hert,
Een gebeedjen moet ick lesen,
(65) Wilt mij kennelick genesen
Van mijn’ onbekende smert.
19°. Iunij. Hagae, febre correptus.



[CH1626:017]
SOL
Si j ’avoy moins besoin de langues que de yeulx
Ie meneroy du bruict sans cesse dans les Cieulx;
Mais n’y servant pour tout que de torche allumée,
La gloire du discours est à la renommée.
(5) Vous suffise, Immortelz, que maistre des saisons
Ie vous fasse jouïr du bien de mes rayons,
Que mon oeil soit le vostre, et n’y ait coin de Terre
De Ciel, de mer, d’enfer que sa lueur n’esclaire.
Vous allez descouvrir la force de ses traictz
(10) Les voyans affronter la Mere des attraictz.

Sol. Dieu gard, le Forgeron des Cieux.
Vulc. Dieu gard, le lanternier des Dieux.
S. Dieu gard, le grand pere du monde.
V. Dieu gard, le grand faiseur de ronde.
(15) S. Ie te porte des nouveautez.
V. Tu viens de chez quelques beautez.
S. De la plus belle des plus belles.
V. C’est me parler des immortelles.
S. De la plus forte des putains.
(20) V. Cela regarde les humains.
S. De la compagne de ta couche.
V. Parle plus clair, cela me touche.
S. De ta Venus, de ta moitié.
V. Ie suis seur de son amitié.
(25) S. Si est bien le Dieu des alarmes.
V. Cyclopes, accourrez, mes armes!
S. Mais desia sont ilz à l’esbat.
V. Ha Iupiter! le coeur me bat.
S. Toutte ton aide viendra tarde.
(30) V. I’y porteray mon halebarde.
S. Son coup de picque vault bien mieux.
V. Ie le feray mocquer des dieux.
S. Mais ta Venus sera mocquée.
V. Mais ma fureur sera soulée.
(35) S. Mais tes cornes en paroistront.
V. Mes freres m’y reconnoistront.
    Mes freres infiniz, qui voz branches cornues
    Ne cachez presque plus que dans les hautes nues,
    Vous estez des mortelz, et je ne mourray point;
    (40) Contentez vous qu’un dieu vous ressemble en un point.



[CH1626:018]
A MONSIEUR WITS SERGEANT MAJOR GENERAL ETC.
Si mon Prince me lit, qui j ’espere lira
Ce qu’encor mille fois cette main escrira,
Cher Amij, sois des . . et ne souffre de grace
Que ma sincerité soit prinse pour audace,
(5) La ronde humilité de mon intention
Pour un pas d’escolier, ou de presumption.
Di, Prince, (s’il s’en fasche) au moins en ta clemence
Considere son mal, et preste ta defense
Aux imbecillitez d’un PoËte fiebureux.
(10) Mais, si je me taisoy, n’en dirois tu pas mieux?
Hag. 21. Iun.



[CH1626:019]
CASPARI BARLAEO VIRO AMICISSIMO CUM ALTERO CARMINE
SALUTEM AEGROTANTI FALSO OMINATUS ESSET

Heu Barlaee parum invalido valuistis amico
Hippocratea cohors, procul estis ab omine Vates.
Me gravior recidiva tenet, me tertia torret
Quaeque dies, mediâ Medicorum nausea torquet.
(5) Jam prohibe versus, jam totum Helicona, domosque
Pieridum praeclude, satis sic urimur unâ
Febre, nec asciti face fas ardere furoris.
Tu quoque verte stylum. quo si Barlaee mederi
Non laevâ ratione voles, omitte nefandos
(10) Numina vana Deos, et caeci somnia saecli;
Sursum oculos, animumque leva, fer seria sursum
Vota pius, venerare Deum, qui sidera nutu
Torquet, et hoc uno formavit sidera nutu,
Ille meum vestrâ prece delinitus, Amici,
(15) Ille meum vestro flexus deliniet ignem,
Audi Summe Deus, nec, si quae gratia restat,
Longius heu! merito plenam differto salutem.
Febricitans. 21°. Iunij.



[CH1626:020]
LE ZEPHIRE
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Augmenter la froideur qui secoua mes . . . .
Mais un quart d’heure passe, et je me trouve en flame
(10) En angoisse de coeur, qui fit dire à mon ame
Ha Zephire revien, je doibs esvanouïr
Si tu ne fais ce coeur vivre et espanouïr.
Le Zephire revient, je le reçois en sorte
Que j’en dis mainte fois que n’es tu une porte
(15) Fenestre petit trou, pour me fair avaler
Plus prodigalement cette faveur de l’air.
Puis mon ame monta et jetta ma pensée
Sur l’humeur des mortelz, aussi tost repoussée
Que portée au desir, dont je dis, Tout puissant,
(20) Que feras tu pour faire à tous le complaisant,
S’il ne faut rien qu’un vent et quinze momens d’heure
Pour faire seulement qu’un en vive, un en meure.
Febre correptus Hagae 25°. Iun.



[CH1626:021]
’TSPOOCK TE MUYDEN:
DAER ICK SLIEP IN GRAEF FLORIS DE V.es GEVANG-KAMER

Tesselscha, die lijden kondt
’Tsott gerammel van mijn’ mond,
Selver als mij dunckt ick stamer;
Hoort; het spoockt in dese kamer.
(5) Kont ghij ’t lijden? jae, ghij moet;
’T spoockter, maer in mijn gemoed.
Swanger-hoofdigh van gedachten
Over ’tweder-sijds verkrachten
Vanden meester en den knecht
(10) Bey ten vuylsten aengerecht,
Kruyp ick tusschen dese lakens,
Daer ick menigh’ ure wakens
Hanghe aenden overslagh
Wie men schuldigst keuren magh,
(15) Of den terger, of den wreker
Of den echten-bande-breker,
Of den breker van sijn’ trouw,
Tegen ’s lands Heer, om een’ Vrouw.
’Ksie den Graef hier liggen vloecken,
(20) ’Ksie hem kruypen door de hoecken
Van sijn omgetuymelt hert,
’Ksie hem smelten in sijn smert.
’Ksie hem zitteren van boosheidt,
’Ksie hem allerhande loosheidt
(25) Schrapen bij den anderen,
Honderd mael veranderen
Vande balcken tot haer’ daken,
Vanden hoosband tot het laken,
Vande venster tot de deur
(30) En verwerren in de keur.
    Sluijter Gerrit hoor ick buyten
Woelen dat mijn’ ooren tuyten,
’Khoor hem stomm’len door den nacht,
’Khoor hem rasen aen de wacht,
(35) ’Khoor hem kijven op de flauwe,
Reden eischen van de lauwe,
Bijstand van de moedigste,
Wrake van de bloedigste;
’Khoor hem roepen, lustigh Vader,
(40) Lustigh, Neeff, ’t is geen verrader
Die het luck bij ’thare vatt
Daer ’t een ander is te gladd;
’Khoorse loopen met hun allen
Opde doen-al-oude wallen,
(45) ’Khoor se luystren naer een spie,
Die weet hoe, en waer, en wie,
Hoeveel Kermers, hoe veel Vriesen,
Hoe veel lands-luy vande biesen,
Waterlanders, op het IJ
(50) Vallen over ’s Graven zij;
’Ksie hem op soo swaren tijding
Met een masker van verblijding
Treden voor des Graven stoel,
En hem rucken naerden poel
(55) Die het edel bloed most smetten
Doe ’t de vlucht niet kon beletten.
    ’Ksie. wat sie ick achter dit?
’Ksie de Sonn, de muren witt,
[’k Sie de schaduwen verdweenen
(60) Die my Vleesch en beenen scheenen,]
’Ksie myn selven, en mijn’ schroom
Even ijdel als mijn droom.
    Wie sal ’t evenwel ontkennen
En mijn’ seggens-eer niet schennen?
(65) Tesselschade, ’tspoockter wat.
Vraegt ghij mij, hoe veel is dat?
’T is soo veel als oude minnen
Door verrotte of dorre sinnen
Sou doen sweeren dat het Spoock
(70) Vrij wat meer is dan een roock;
’T is soo veel als huys en hoeven
Huerlingen sou doen behoeven,
Daer het volckjen, soo gewoon,
Lichter dwaelt dan daer ick woon.
    (75) Mochten ghij en ick eens richten
Daer des duyvels kaers soo licht, en
Menschen van soo laegen trapp
Voor den hencker raken schrapp!
’Kmeen ons vonniss soude wesen,
(80) All uw spoocken is uw vreesen,
Kont ghij ’t vatten? Neen. Gij moet:
’Tspoockter, maer in uw gemoed.
Febricitans. 9°. Iul. Hagae.



[CH1626:022]
REPULSA FEBRI, UT CREDEBAM, SUMPTO DE HUMANIS
OSSIBUS RAMENTO

Quis mihi ventriculum tepide novus insidet hospes?
Quis durâ se parte sui mihi miscet, et intus
Pulvereo per non sua viscera depluit imbre?
Aureus imber eras Divûm Pater, osseus hic est;
(5) Te penes inventi sit honor, quae gratia restat
Vendicat hanc qui sanatum sibi vendicat autor
Pulveris infusi Hugenium, quem dira, minantem
Osse, lues soloque abigentem pulvere fugit.
    O pulviscule, de quo tu mihi corpore cumque
(10) Raderis, et cassis instauras artubus artus,
Re gestâ revocatus abi; cum laude peractum est
Quod poteras; solidare tibi: qua relliquus unam
Efficies socio compactus pulvere massam;
Aeternam voveo videas compacte quietem.
    (15) Quisquis eras, voveo: voveo et si truncus Iberam
Clauserit iste animam; Batavorum funeris iram
Absolvit sepelitque dies; odisse cadaver,
Hispani est; Batavi, Hispanum fecisse cadaver.
Quin ego, si praestant Batavis Hispana, quotannis
(20) Auriacus voveo serat haec medicamina Victor,
Auctaque perpetuis crescat Medicina triumphis.
Hag. 25. Iul. febriculâ correptus.



[CH1626:023]
ONTSCHULDINGHE AENDEN HEERE HOOFT
WEGEN MIJNE SIECKTE. IN GEMETEN ONRIJM

Muijden, ick legg te bedde gevelt, veel platter as yemand
    Die mette vallende sucht d’aerde van achtere’ kust,
Koortsige kolen in heldere’ brand verlange verandert
    Doen mij den anderen dagh vreesen en viere’ nochtans;
(5) Seght het uw’ Heer, oft weet ghij niet meer van tale, van antwoord,
    Dien ’t wel eer door uw’ Heer beter as andere’ stond,
Laet u geschien ’tgen’ u noch mogelick van dage geschiet is,
    Laet mijn’ smalle’ gesant door uwe grendelen in.
En ghij gesant staet stille voor hem, laet u kerven en houwen,
    (10) Geeft hem een opene borst, soo me’ de vrunde’ behoort;
Segt dan, die mij besond is Huygens, alle de dagen
    Van sijn Leven uw vrund, alle de dagen uw knecht,
Wijt hem ’t woord-breken’ niet, hij was noyt schuldigh aen ontrouw,
    Maer sijn’ sieckte verrast beide sijn’ yever en eed,
(15) Yever all lang ter borste gevoedt, eed lange gesworen,
    Soo men vrunde’ beËedt, handen in hande’ geklemt.
Staet daer Tessel om her, sij sal dat sweere’ gedencken,
    En mij daerom mogelick werpen het eerste verwijt.
* * * *



[CH1626:024]
BEGONNEN DANCKSEGGINGH VOOR VERLOSSING
UYT DESELVE SIECKTE

    Zynder woorden in de monden
Van de Volkeren der aerd,
Zynder seggingen bevonden
Grieckscher off Romeyner aerd,
(5) Zynder spreucken die myn lippen
Vollen connen tot den boord
En myn lippen soo ontslippen
Als de donder werdt gehoort.

    Volckeren van uyt den Westen,
(10) Volckeren van d’Ooster zy,
’K Verg u tong en taell ten besten,
Voert my elck vant ’t syne by:
’K hebb een pack op schouder leggen
Dat op schouder-hulpe beyt,
(15) ’K hebb loff, prys, en eer te seggen
’T eeuwich licht in eewicheyt.

    God den Schepper uwer Vadren
Uwer kindern hooge Voocht,
God, die niet en hoeft te nadern
(20) Om te keuren hoe ghy dooght,
God, uw Vader en behoeder,
Die het quade van u draeyt,
Die u decksel huys en voeder
Over uwe landen saeyt,

    (25) ’T onbegrypelicke Wesen
Dat de Wildste van u voelt,
Niemand laten kan te vreesen
Hoe syn hert oock wille-woelt,
Dien Godt hebb ick toe te schreewen
(30) Vijt dit hert, door desen mond,
Dien door aller eenwen eeuwen
Op te loven vander grond:

    Vander grond, de laege wooning
Daer de mensch, de groote mier,
(35) In een stadige vertooning
Leght en kruypt van daer tot hier.
Vander grond, daer ick verslagen
Inden brand, jae selver vier,
Hebb myn herte leggen knagen,
(40) En myn ziel doen ruymen schier.
* * *




[CH1626:025]
Ardebat Coridon; non quâ face torridus olim
Arserat inflexae lentos Amaryllidos ignes;
Non aliâ, quae Phoebe tua est, cum celsior orbem
Partitus medium violento sidere mordes.
(5) Primam longa dies curaverat, altera fago
Leniri poterat, leniri saepe solebat.
Heu longe graviore foco, magis igne perenni
Ardebat Coridon, caecis per viscera flammis
Non magis incertum circumducentibus orbem
(10) Quam coeli per inane Vices, per littora, Nerei.
Cum pueri pallorem et nil Coridonis in illo
Lumine, nil illâ soliti sub fronte ruboris,
Intuitus pallore pari, prae luctibus, Aegon,
Aegon primus amor Coridonis, et ultimus Aegon
(15) Talibus incauti ferijt praecordia verbis.



[CH1626:026]
AEN STERRE
’Khebb tongen t’ mijn’ verdoen: ’khebb dorpen min dan Steden
    Ten uytvoer van mijn’ saeck beleefdelick bereidt;
    ’Khebb vrienden, in getal, als ’tsand ten oever leit,
In aensien, menighmael meer waerd dan mijn’ gebeden;
(5) ’Khebb, hadden’t andere, sij wisten ’t te besteden
    Ten plaester yeder een van sijn’ afsienlickheid;
    Maer, ô mijn laeste keur van nu in eewigheid,
Voor haer gemeene gonst verkies’ ick verr uw Reden;
    Uw’ reden, en alleen uw’ reden soeck ick aen;
    (10) Verbiedt ghij mij die door om t’uwent in te gaen,
’T sal noyt mijn’ trachting zijn van sijdweghs in te delven.
    Neen, Sterre, ’kben jalours van wat u eigen is,
    En wie wat met u deeldt maeckt dat ick ’tmijne miss,
Soo soeck ick u alleen te dancken voor uw selven.
Ultrajecti. XI°. Sept.



[CH1626:027]
AENDE SELVE
Oft vrij ick averechts; oft most ick mij doen dragen,
    En veilen ter genaed’ van d’een’ oft d’ander’ tong;
    Die mij gingh schilderen voor aengenaem, voor jong,
Voor wel en wijsselick besteder van mijn’ dagen,
(5) Voor vroed, voor lettermann, voor fix op alle vragen,
    Voor regen-rijck in ’t natt daer Leda van ontfong,
    Voor all dat ijemand is die oyt na Sterre dong,
En voor mij yyt den bedd’, na mijn wild dorste jagen?
    Neen, Sterre, stondt ghij schoon op d’ uytspraeck van dat woord,
(10) Mits mij een derde mann dat woord most overtellen
In soo verdeelden gunst soud’ sich mijn’ ongunst quellen,
    En ’tsall mijn vijand zijn wie dat het voor mij hoort.
Nu vrij ick u der moeyt, en tred’ u selver tegen,
Segt jae, maer seght het mij, dat zijn de kortste wegen.
In Castris, Millingen 17°. Sept.



[CH1626:028]
AENDE SELVE
De sterren-konst lydt last: dat heefts’ u danck te weten,
    Mijn’ Sterre, mijn Comeet geworden met een’ lonck.
    Wel hebb ick droogen damp sien gloeyen tot een vonck;
En strax van niet tot ijet, en weer te niet versleten;
(5) Maer sift ick all ’tversier van ghissers, van poËten,
    Van Hemel-cijferaers, ick vind’er oud noch jonck
    Die de Nature derv’ belasten met dien spronck,
Dat ongesien verschepp van Sterren in Cometen.



[CH1626:029]
SUR MA HUTTE
Faisons la mouË à Diogene,
A sa besace et à son eau,
Comme le pin cede à l’ebene
Ma hutte cede à son tonneau.
(5) Palais de paille, ma retraicte,
En mesme temps fondée et faicte,
Royaume comme je suis Roy,
Devant toutte philosophie
Ie veux que nostre modestie
(10) Ne trouve rien d’esgal à soy.

Qui me dira que le Cynique
N’ayt choisi le tonneau exprès
Par speculation physique,
Pour s’en eschauffer de plus près?
(15) Qui me dira qu’en cette lie
Il n’ayt trouvé son eau de vie,
Que ces douces exhalaisons
N’ayent illustré ses paraboles,
Et faict accroistre en ses paroles
(20) L’estime que nous en faisons?
A Vijnen 8bri (Oct.)



[CH1626:030]
KOMMERLICK ONTWAKEN
Sonn, zijt ghij daer allree? Dagh, zijt ghij weer aen ’t kriecken?
Nacht, zijt ghij soo voorbij, zoo vroegh, met sulcke wiecken,
Soo vochtigh en soo vlugg? O swarten oogenblick,
O Doodsdhalf, daer ick mij soo gaeren in verstick,
(5) Hoe loopt ghij soo te loôr, en laet mijn’ Ziel verleghen
Om ongevoelickheid, den aller dooden seghen,
En ruckt mij onvoorsiens uw’ bruyne deken af,
Uw’ sarck-steen van mijn bedd, mijn boven-aerdsche graf?
Jck was, en wist het niet; ick lagh, en hadd geen wesen
(10) Van leggen noch van zijn; met d’ongenucht van ’tvreesen,
Met d’onrust vande hoôp en hadd ick niet gemeens,
Mijn hert, mijn’ herssenen, mijn’ sinnen waren eens.
Wat scheelt het nu, mijn hert, mijn’ herssenen, mijn’ sinnen,
Wat scheelt het nu van eens! hoe woelen wij van binnen,
(15) Hoe vallen wij te hoop van d’ure dat ick waeck
En sluype t’mijnent in door ’tsplijten vanden vaeck!
* * *
Op ’t Huys te Doornich,
Half droef, halff toornich




[CH1626:031]
Van d’ure dat ick waeck
En sluype t’mijnent in door ’t splijten vanden vaeck,
Staet Sterre voor mijn’ ooghen,
Mijn’ ooghen trane-vocht, die dan maer eerst en drooghen,
Gelijck de dauw verdwijnt
Van dat de Morghen-sonn de droppelen beschijnt.
Sterr, segh ick, Morghen-Sterre,
Die verre van mij staet, en noch, en noch soo verre,
En noch soo verre laet,
(10) [Als daer het hooghste licht van all’ in ’t ronde gaet,]
Hoe kont ghij Sterre wesen
En houden teghens mij soo staegh, soo fieren wezen,
En staen als een Comeet
Die, verr van tintelen, van wencken niet en weet?
(15) Kan ’t Sterren-licht bevriesen,
En gaen de Sterrheit quijt, en heel de daed verliesen
En houden heel den naem?
En, Sterre, staet ghij toe dat sich Nature schaem’
Der plaetse die s’ u gonde
(20) Van doe sij ’thelle holl der Hemelen berondde,
En van genoeghen loegh
Mits dats’ u naerde Sonn de tweede plaets opdroegh?
All kont ghij mij vergeten,
Die heldere geboort en mooght ghij niet ontweten,
(25) En onder uw geslacht
Soo menigh minder licht dat stadich staet en lacht.
* * *
Embricae Novemb.



[CH1626:032]
MARTIALIS LIB. 12. EPIGR. 50.
DAPHNONAS, PLATANOS ETC.

Vrouw, uw huys is voll geflickers,
’Tspiegelt aller wegh’ om best;
Steenen als verglaesde knickers
Staen ten Schouwen in gevest;
(5) Vloeren als bevrosen Stroomen
Decken d’aerde van uw’ erv;
All wat steenen-quisters droomen,
All haer kostelick verkerv,
All wat beitels, all wat schaven
(10) Redden konnen tot den koop,
All wat hamer kan beslaven
Vind ick t’uwent over hoop.
    Maer uw’ Vloeren zijn soo ijsigh,
En uw’ Trappen soo geladd,
(15) Dat de luyden dencken bij sich,
O die t’huys gebleven hadd,
Daermen gaen magh sonder glijen
Met de voeten inden schoen,
Daer de Vrouw kan sien en lijen
(20) Dat de Mann sijn’ longher boen’,
Daer het spouwen buyten boet is,
Boet die hier t’ontgelden staet,
Boet die bitter als het roet is,
Boet van Vrouwen suer gelaet.
(25) Kom ick trillen uyt het slijck, en
Uyt de sneew, en uyt den wind,
’Kderv uw’ Schoorsteen niet bekijcken
Daer ick soo veel Marmer vind,
Marmer, Ebben, Alabaster,
(30) Daer ick dan soo wel bij voegh
Dat u dunckt mijn aensicht past’er
Koud en bleeck en stijff genoegh.
Wie sou sulcke steenen verghen
’Tvijer te dragen uren langh?
(35) ’Tis de Diamanten tergen,
En de beste valt het bang.
    Meen ick mij de warmt te geven,
En verwandelen de kouw,
’T waer ten naesten te vergeven,
(40) Maer mijn’ voeten zijn te rouw:
Wie sou slijck en slobber gonnen
Sulcke vloeren te begaen,
Wie soud ’t doen en slapen konnen
Naer de misdaed waer’ gedaen?
(45) Klaegh ick van gesonder maghe,
Roept sij moord van hongers-nood,
Wie sou sulcken tafel-schraghe,
Sulcker Stoelen ebben-poot
Jn gevaer van voeten stellen,
(50) Sulcken krakenden servett,
Sulcke dunne tafel-vellen
In gevaer van vuyl en vett?
    Soeck ick ’trusten opden avond,
En den stroy-sack op het bedd,
(55) Off de pluymen diemen na vond,
Sachter dan ’t West-Jndisch nett,
Wie sou sulcken trapp besteigren
Die na sulcken kamer leidt
Daermen sulcken bedd sou weigren
(60) Aen der Pausen heilicheit?
    Somma, ’thuys is niet te laken,
’Tis voll kostelick vermaken
Vande vloeren tot de daken;
’Theeft wat handen konnen maken
(65) Aller luyden aller spraken;
Waer begeerte na kan haken
Siet het ooghe rondom blaken,
Moghten ’t graghe sinnen smaken,
Moghten ’t hand off voeten raken;
(70) Maer sij mogen ’t niet genaken,
Alle micken zijnder staken.
Slapens nood met nood van waken,
Ongerief van holle kaken,
(Seker’ hulpe tegen ’tbraken)
(75) Tanden die van koelte kraken
En veel liever korsten braken,
Ongebruyck van alle saecken
Tafel, Bedd, Steen, Hout en laken,
Is het sekerst datme’r siet:
(80) Vrouw, hoe wel en woont ghij niet!
Arnhemi 18°. Novemb.

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